" La lâcheté rend subtil. " - Emil Michel Cioran

" Les ruses et les machinations ténébreuses ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté. " Euripide
Evy.

Entre l’azur rosé des cieux et le vert émeraude des herbes alléchantes, se trouvait les eaux noires et troubles du lac. Alors que le soleil se dirigeait vers l’occident, un ombre blanche toisait le monde, un rictus étrange sur le bout de ses lèvres de velours. Le temps semblait ne plus courir vers la fin ou l’infini, il semblait être arrêté ; ce cadre édénique était l’enfer, ou le paradis des âmes damnées. La douce brise faisait danser brindilles et feuilles mortes, ces mornes entités se soulevaient et virevoltaient au gré des plaintes doucereuses du vent ; bientôt, tu sais que tu admiras la victoire. Ta silhouette gracile, quant à elle, se mouvait vers l’orient, tête haute et prunelles onyx plongées dans les mirettes des cieux infâmes. ; puis tu soupires, désabusé – le désenchantement. Imperator, tu t’en vas, Imperator tu ne contemples plus l’Eden infernal- tu pars. Un sourire agréablement malsain vient illuminer ton visage séraphique ; tu songes. A quoi penses-tu ? Il vaut mieux ne pas le savoir, vous risqueriez de vous méprendre à son sujet, vous risqueriez de prendre peur. Tu continues d’avancer, impétueux, présomptueux. Ô cupide étalon, un jour, ambition et détermination se retourneront contre toi – et ce jour-là, tu mourras. Puis tu fuis avec le vent impétueux, tes crins d'ivoire et d'argent virevoltent ; sens-tu le refrain de la liberté ? Agis comme tes semblables ô Imperator car le pouvoir te tuera - cet imperium te tuera, te rendra fou, si tu ne l'es pas déjà. Tes prunelles onyx se posent sur le miroir aquatique, songerais-tu ? Ta conscience te jouerait-elle un mauvais tour ? C'est impossible. Tu es inconscient, tu es une ordure - tu ne connais les remords. Pourtant, l'espoir se trémousse timidement, rarement ; tu as anéanti l'espoir Imperator. Tu peux renoncer, il est toujours temps de se repentir. " Je ne suis pas un lâche." murmura-t-il, à lui-même. Il n'est pas question de lâcheté, mais de remords Imperator, de remords oui. Un léger grondement t'échappe, tu ne peux lutter contre toi-même, tu auras beau gagner les plus grandes batailles, tu resteras ton pire ennemi ; tu es double Imperator. Double, double, double - cela résonne, n'est-ce pas ? Tu t'effraies ? Tu es stupide. " Si je me repentis, comme vous dites ô infernale raison, je deviendrais ... Je deviendrais ... " Tu l'ignores. Nous le savons. " Je ne vivrais plus, je ne serais plus - alors il n'en est pas question. " Tu parles tout seul, tu es fou. Prend garde, Imperator. Prend garde, car nous chuterons avec toi.

Le soleil se couche, les cieux se teintent de rose pâle entouré de bleu clair, les herbes vertes tranchent à côté des eaux noires du lac ; les contrastes de couleur renforcent l’impression oppressante que rien ici n’est naturel, que tout a été réfléchi, qu’ici, l’imprévu n’a pas sa place. On aurait posé un panneau « Attention ! Ici, tout est prévu. » ne m’aurait pas étonnée. J’avais maintenant fait un grand pas dans cette activité qui prenait tout mon temps, à savoir, ravir son corps à Evy, et j’aurais aimé qu’un peu d’imprévu accompagne cette découverte, pour que je puisse enfin connaître les expériences humaines jusque là réservées à Evy. J’avais travaillé, réfléchi, et j’avais finalement réussi à lui voler une partie de son corps. Mais lui voler son corps demandait beaucoup d’énergie, et je savais que je ne tiendrais pas longtemps. De plus, de temps en temps, comme je n’avais pas pris totalement le contrôle de ce fichu corps, Evy réapparaissait et je devais trouver à nouveau un moyen de revenir. Mais pour l’instant, elle m’avait autorisée à garder son corps, tant que je ne faisais de mal à personne. J’eus un sourire narquois. Elle me connaissait donc si mal ? Comme si j’aurais pu m’en empêcher ! Mais ne t’en fais pas, Evy, bientôt, plus personne ne pourra m’empêche de faire ce que je veux. La brise me fit frémir, apparaissant brutalement, et jouant avec mes crins. J’arrêtais de tergiverser plus longtemps sur les inconvénients et les avantages de mon nouveau statut, à savoir véritable équidé, et je me contentais de continuer à marcher le long du lac. Mon attitude toute entière reflétait l’arrogance, la confiance, et l’autosatisfaction d’avoir réussi ce que j’entreprenais depuis des années. Gracieuse, le petit trot, les oreilles dressées, la queue panachée, je connaissais le charme d’Evy quand elle daignait s’animer, et j’en jouais. Malheureusement, il n’y avait aucun public pour me suivre de ses yeux à cet instant. Aucun ? Cela était vite dit ! J’entr’aperçus une silhouette blanche plus loin, face au lac. Un étalon, à n’en pas douter ! Je repris mon sourire narquois et battis des paupières. Je m’approchais doucement de l’étalon, le bruit de mes pas amorti par l’herbe émeraude ; l’étalon ne m’entendis pas, j’étais bien trop légère – un esprit, discret et silencieux. J’entendis l’équidé murmurer, à lui-même, je suppose ; Je ne suis pas un lâche. J’haussai un sourcil, mes oreilles se dressèrent, et j’écoutais plus attentivement. Si je me repentis, comme vous dites infernale raison, je deviendrais… Je deviendrais… Il n’acheva pas sa phrase. Je ne vivrais plus, je ne serais plus, alors, il n’en est pas question. Je souris. Débuts prometteurs. Je sentis que j’ai l’occasion de m’amuser, aujourd’hui. « La lâcheté peut-être considérée comme un défaut, or, parfois, elle peut être bien utile », murmurai-je lentement, de ma voix douce. Je m’arrêtai, quelques secondes, puis repris : « La repentance, par contre, a tout d’un défaut ; se repentir, c’est ne pas assumer des crimes, aussi infimes soient-ils, que l’on aurait commis. Alors, autant ne pas les commettre, ou bien ne pas se repentir ». Oups. C’était bien une phrase philosophique à la Evy, ça.

Désolée, c'est tout à fait médiocre. J'ai dormi que cinq heures cette nuit, donc, j'ai un peu du mal. >.<