• Je marchais tranquillement, sans but, de bonne humeur, et je suis arrivée dans un endroit improbable qui déclencha mon émerveillement. Moi qui avait toujours pris les hommes de cro-magnon pour des rustres sans éducation, par rapport aux hommes de 2020 que je connaissais, je me rendais compte qu'ils étaient capables d'accomplir des choses sont nous-mêmes étions incapables. Tombant par hasard dans un ancien campement des bipèdes, j'ai compris leur qualité essentielle: malgré les tempêtes, les maladies qui menaçaient les leurs, les innombrables bêtes indomptables et féroces, ainsi que la mort de leurs proches, ils n'en tenaient pas rigueur, et continuaient le cycle de leur vie; quand un endroit était synonyme de mort et de douleur pour eux, au lieu de se morfondre éternellement, ils partent et recommencent, encore et encore. Eternellement, ils se renouvellent, réecrivent leur histoire jusqu'à ce qu'elle se termine par une Happy End. Le vent peut souffler, rien ne les arrêtera; ils se battront, encore et encore, déchireront la page douloureuse, commenceront un nouveau chapitre. Ils ont atteint une maitrise de soi que les hommes de 2020 ont perdue au fil des années. Nous en sommes incapables, nous, désormais, d'oublier la douleur pour contribuer à la survie de notre espèce; Pour un petit malheur qui nous arrive, on se laisse lamentablement sombrer dans la dépression, se laisser mourir parfois. Tandis que eux, déterminés, conscients de leur fragile position dans ce monde primaire et brutal, se battront sans relâche pour la vie, nonobstant leurs malheurs futiles. Sa compagne est morte ici ? Et bien, les bactéries s'étant propagées dans ce lieu, partons. Ils laissent tout derrière eux, leurs souvenirs, leur campement, leur vie, pour partir ailleurs et recommencer à vivre comme si rien ne s'était passé.Ils dédaignent le sort, ne croient pas au destin, et sont déterminés à survivre quoi qu'il se passe. Et voilà que je mets les pieds dans un de leurs anciens campements, où ils ont laissé la plupart de leurs affaires. Il reste encore les cendres chaudes d'un ancien feu, quelques outils dispersés par terre - c'est d'ailleurs pour ça que je boite un peu. C'est fou comme ils sont coupants, ces objets - , des vieilles huttes aux toiles déchirées; mes naseaux effleurent tout, et, curieuse, je ne me lasse pas de faire le tour du camps, émerveillée par ce que je viens de découvrir. Un peu plus loin, un reste de viande en décomposition m'arrache un haut-le-coeur, et je m'en éloigne rapidement. Puis, je tombe sur une hutte un peu en meilleur état que les autres, et, curieuse, j'y rentre. Dedans, je trouve des fourrures confortable, quelque chose qui ressemble à un lit, des plumes, et autres objets insolites. La hutte, sans doute celle du chef, est grande et j'y tiens facilement debout. Emerveillée, mes naseaux effleurent une petite statuette en bois représentant un troupeau de chevaux. Mais bien vite, un autre bruit attire mon attention, et je ressors. Les oreilles dressée, je tourne la tête pour trouver d'où il vient, ce qui me permet de faire une autre découverte; et comme une jeune pouliche, j'apprends, je m'amuse de choses insignifiantes pour d'autres chevaux, et bien vite je ressens l'enthousiasme et la soif de connaissance que je n'ai jamais connu étant petite. Je comprends ce que j'aurai pu vivre si jamais mon enfance n'avait pas été aussi sombre. Je ne suis pas née au coucher du soleil, entourée de lucioles, d'un père protecteur et d'une mère affectueuse; je n'avais que la mère affectueuse, en fait. A la place du coucher de soleil et des lucioles, j'avais eu un no horse's land aride et du sang; A la place du père protecteur, un cadavre en décomposition. Alors, je profite de l'insousciance que j'ai acquise pour ce moment, sachant pertinemment qu'elle repartira à un moment où l'autre; j'aurai voulu rester seule, mais il a fallu que quelqu'un arrive ...

symphæ; a écrit:

Uup ?

être et paraître.

Je te hais ô toi, vile infamie nommée conscience, que fais-tu là, hantant mon esprit tourmenté ; part au loin, et ne revient jamais, ne te retourne pas, je t’en conjure, laisse-moi. J’aurais aimé mourir, ne jamais plus rien sentir, ne plus traîné ce fardeau qu’est la vie ; mais toujours, je devrais vivre, quoi qu’il en soit, je devrais souffrir. Qu’aurais-je espéré ? L’utopie ? Un monde où tout rayonne, où les pétales des roses tournoient au gré d’une brise enchanteresse ? Non. Dans mon monde, tout est sombre, lugubre, morne ; seuls les remords et la peine existent, je marche sur un sol recouvert d’épines, un monde calciné, glacial et inondé de souvenirs funestes. J’aurais préféré les Enfers. Parfois, une illusion : un rayon de soleil parvient à transpercer mon ciel enténébré. Et la tempête reprend de plus bel. Il pleut sur mon utopie, et ça fait mal. Mon regard d’ambre ayant tourné à l’onyx balaye les cieux. Le soleil n’est pas dans ce ciel de bistre où seul les nuages existent. Je secoue brièvement la tête, chassant les idées noires, tentant de me fixer sur un avenir meilleur. A quoi bon ? Je n’y parviens pas. Je ne suis qu’un livre oublié, perdu ; une histoire dont la fin ne sera jamais connue, car il n’y en a pas, il n’y a que les tourments, et la haine. Je suis un oublié, un piètre damné agitant pathétiquement les membres pour se déplacer, parfois en vain. Je veux partir, et sourire une dernière fois ; ensuite, je m’en irais à tout jamais. Non. Je vivrais. Je payerais le mal que j’ai causé, en vivant, en souffrant ; je ne serais pas un lâche, pas cette fois. Je veux oublier, laisser mes souvenirs aux oubliettes, au fin fond des cahots qui me servent de cœur. J’aimerais verser quelques larmes, hurler le mal qui me ronge ; j’en suis incapable. La ferme Harvest Triumph, tu te prénommes Fire and Ice désormais, soit celui que tu prétends être. Dois-je faire ce que me disent mes songes ? Oui.

Je soupire, je tente de faire sortir tout le mal qui ronge mon âme tourmentée. Je lève la tête, fièrement, arrogamment ; et un sourire narquois vient illuminer mon visage à demi angélique. Je contemple l’horizon, et ce fut la première fois que je t’aperçus. Ta robe était semblable à la mienne, une teinte en dessous plus précisément. Une longue liste éclaircissait ton visage d’ange, tu me faisais penser à une pouliche découvrant le monde, avide de connaissance. Tu étais mon contraire absolu. Tu semblais innocente, insouciante ; tu semblais presque heureuse. J’aurais tout donné pour être toi, rien qu’un instant. C’est impossible. Je suis je ne sais trop qui, l’étalon aux tourments intérieurs, impassible extérieurement, aux sarcasmes arrogants. Le paysage était singulier, au centre de la prairie de terre se trouvait un vieux feu de camp, de part et d’autre de ce brasier se trouvaient des vieilles huttes. D’étranges objets jonchaient le sol, si je n’avais pas été celui que je suis, j’aurais été fasciné, émerveillé ; jamais ce ne sera le cas, malheureusement. Je fais quelques pas en avant, vers toi. Apprend-moi à rêver, et je t’apprendrais ce que je sais de la vie. Apprend-moi a vivre dans l’insouciance, s’il te plait. Je ne veux plus souffrir. Pourtant, je t’aborde avec une attitude hautaine et méprisante, comme celui que je prétends être. Je secoue la tête, et un nouveau sourire en coin apparaît sur mon visage détruit par la haine et la souffrance. Je suis à ta hauteur, je hoche doucement la tête en guise de salutation. C’est tout. Rien de plus.

( c’est nul, je sais. )